Culture, Droit et obéissance à la Loi.
Par Daniel Beltré Acosta
La personnalité des hommes et des femmes vivant dans une société est construite par leur culture.
C'est la culture qui détermine chacun des comportements de l'être humain. Dès l’enfance, un cadre temporel et spatial forge une identité chez l’individu, et cette identité est composée de certaines valeurs qui, du langage au sens de la justice, intériorisent une multitude de paramètres comportementaux chez les citoyens.
Ces paramètres comportementaux transmis par la culture font des êtres humains des êtres sociaux ; Ainsi, il arrive un moment où son comportement est déterminé par la culture dans laquelle il a été élevé. Ainsi, les citoyens accepteront désormais comme valables les règles que leur société leur a transmises et se comporteront selon les modèles établis par le code social qu’est leur culture.
Les mandats éthiques sont souvent plus puissants que ceux de la loi émanant de l’État, c’est pourquoi il est nécessaire d’inspirer les normes juridiques des valeurs morales défendues par la société et ainsi éviter les réactions négatives aux mandats du système juridique.
Chaque culture est différente et, par conséquent, de nombreuses valeurs qui donnent du contenu à un système culturel sont absentes chez certaines, augmentées chez d’autres et diminuées chez certaines. Des épisodes historiques distincts, des influences idéologiques différentes, des attitudes face à la vie qui varient d’un endroit à l’autre, des explications de l’existence humaine qui organisent des réponses opposées d’une culture à l’autre : autant de points de vue opposés qui finissent par doter les sociétés de systèmes moraux tout aussi différents.
Il existe toujours dans la société une culture juridique qui a directement ou indirectement enseigné aux citoyens les règles qui garantissent l’ordre communautaire et la coexistence pacifique. Cependant, chaque société a une conception différente de ce que devrait être le droit. Disons donc qu’entre les règles morales et les règles juridiques, la société a pris conscience que de telles règles sont nécessaires et a identifié des autorités légitimes dont elle accepte des mandats et auxquelles elle rend obéissance, car elle comprend que cet engagement est la seule chose qui garantit la paix sociale.
Cependant, les citoyens découvrent aussi souvent des limites à l’obéissance à la loi. La règle juridique peut rencontrer un obstacle majeur lorsqu’elle tente d’ignorer les modèles de comportement social ou lorsqu’elle dépasse les limites de ce que la société considère comme possible.
En ce sens, ils choisiront parmi toutes les options celle qu’ils considèrent la plus juste, selon les valeurs intériorisées par leur culture.
DÍEZ-PICAZO affirme que « la décision d'un problème juridique a probablement toujours été prise – et est encore prise aujourd'hui – dans le cadre et en accord avec un ensemble de croyances, de convictions, de sentiments et de préjugés dans lesquels s'inscrit le matériel normatif. Il appartient donc à la science juridique, éminemment sociologique, d'établir quelles sont ces coordonnées, valables pour l'ensemble de la société, qui servent de support et, en fin de compte, confèrent une validité aux normes, ainsi que de déterminer dans quelle mesure elles changent ou ont changé. »
La société comprend que les lois sont nécessaires à la préservation de la communauté, mais les assimile lorsque leurs préceptes restent dans les limites de la rationalité pratique. Si ses valeurs culturelles sont violées, il réagit en rejetant la loi et en lui désobéissant ou en la transformant pour l’adapter au cadre de rationalité défini par sa culture juridique .
FINNIS comprend qu’une norme sera validée par la communauté dans la mesure où elle est expliquée à partir de la rationalité pratique de la société, tandis qu’une règle sera obligatoire tant que la communauté considère qu’il s’agit d’une bonne raison d’y obéir. Une règle ne peut se limiter à imposer un mandat en vertu de la lettre et de l’imagination, ni en vertu de schémas étrangers à la société qui la reçoit ; L’obéissance à la loi est garantie par la correspondance de la norme avec la mentalité culturelle de la nation et avec ses structures politiques et économiques.