Une année d'incertitude, avec les mâchoires de la mort grandes ouvertes, avide de tourments et de peurs insoupçonnées, se termine dépouillée de ses plus grandes menaces. Nous lui disons adieu avec son zèle prédateur et sa soif insatiable de désespoir. Nous lui disons adieu en réaffirmant la grandeur de la création, l'intelligence donnée à l'homme et la vocation héroïque éternelle qui surgit des cœurs qui semblent élus, qui surgissent marqués par le sacrifice de leur propre vie.
Les témoignages d’actions bénéfiques relatent les grandes conflagrations et les fléaux qui n’ont pas vaincu la meilleure volonté de l’homme.
L’amour bien compris, la fraternité, la compassion et l’esprit de générosité qui représentent la meilleure partie de la civilité survivent toujours. Succomber n’a jamais été une option dans le domaine de l’amour. Nous revenons toujours au chant, même pour raconter la gloire des cendres. Nous revenons toujours au chant, voire au rêve que toute victoire correspond à la vie, qu'il n'y a pas d'aiguillons capables de l'exterminer, car nous sommes l'œuvre d'une volonté qui n'accorde aucune gloire à la mort.
Nous irriguerons à nouveau la terre qui nous a été donnée pour le jeu, pour la liberté ; qui nous a été donné comme point de départ pour sauver des horizons, pour faire de l'existence un témoignage vivant de l'étreinte du premier étranger.
Nous nous arrêterons au plus profond de la mémoire pour compter les baisers laissés derrière nous dans l'espoir d'un partage rapide.
Mon poème, « Arche », pourrait ajouter ses vers à cet acte de fortune : « Nous arriverons à la maison en rendant grâce pour la lumière, parée de couleurs, des rêves recueillis tandis que le soleil fermait ses paupières ; nous arriverons à la maison sans être harcelés par les rites de la peur...
Nous nous arrêterons pour passer en revue tout ce qui a été perdu, ce que nous n’aurions jamais pensé perdre, mais nous résisterons à l’idée que nous avons été conçus comme des morceaux sans éclat d’un monde qui nous manque à peine.
Non.
On supposera que nous sommes le monde lui-même même si l’attente se transforme en pierre ; On tiendra pour acquis que nous sommes les souvenirs des nuits silencieuses, des jours qui ont gagné la partie contre l’horreur, la faucille qui a taillé le malheur, le psaume qui a fait briller l’aube.
Il est vrai que nous ne serons jamais ce que nous étions, que nous allons muter comme un papillon ; mais nous ne serons jamais des loups qui dévorent les spirales de l'amour. Nous sortirons du battement de cœur, confiants que nous avons suffisamment de raisons de pleurer ; aussi, chanter pendant des siècles.