Messages négatifs dans la campagne

4 juil. 2024

Début avril, la Cour constitutionnelle de la République dominicaine a déclaré inapplicable l’article 44, paragraphe 6 de la loi sur les partis politiques, les groupes et les mouvements politiques, car contraire à la Constitution. Cette loi prévoit des peines d’emprisonnement et des amendes pour les personnes qui diffusent des messages négatifs contre les candidats pendant la période de pré-campagne ou de campagne interne, c’est-à-dire qui émettent des messages susceptibles de ternir l’image d’un candidat en particulier.

En effet, cette protection juridique, loin de constituer une mesure proportionnelle dans une société démocratique, poserait les bases de l’instauration d’un système de censure des opinions, notamment celles partagées sur les plateformes de médias sociaux.

S’il est vrai que l’ordre constitutionnel qui prévaut dans notre pays protège et garantit le droit à la vie privée, à la dignité et à l’honneur des individus, il n’en est pas moins vrai que la liberté d’expression est valable même lorsqu’elle déplaît, dérange ou bouleverse une partie ou la totalité de la population. Il suffit que les limites de l’honneur, de la dignité, de la bonne réputation, de la vie privée, de l’image et des personnes ne soient pas transgressées ; qu'ils ne franchissent pas les limites de la critique, voire de l'opinion négative, en s'engageant dans l'insulte, la diffamation, le dénigrement ou toute atteinte aux droits fondamentaux consacrés par la Constitution.

On parle beaucoup ces derniers temps du phénomène des « fake news », qui tend à diffuser des contenus principalement destinés à désinformer. Cela a un impact négatif sur la perception des gens, déforme l’opinion publique et, éventuellement, porte atteinte à la réputation d’individus ou de groupes.

La vérité est que même s’il s’agit d’opinions négatives ou de fausses nouvelles, elles ne sont pas, en principe, soumises à un catalogue punitif dans notre système juridique actuel ; Il faudrait confirmer, comme nous l’avons dit, que des droits protégés par la Constitution ont été violés. En ce sens, une personne a le droit d’exprimer librement ses opinions, de les partager sur n’importe quel support ou plateforme de son choix, toujours protégée – la personne – par un régime de liberté et de responsabilité, et jamais par la censure.

Accepter les opinions négatives fait donc également partie de la vie en démocratie.